L’intelligence de Dimmu Borgir en 5 points

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POINT 1

Radio Metal : L’évolution de Dimmu Borgir a été accompagnée de nombreuses critiques de puristes, une de ces critiques étant que vous n’êtes plus black metal. D’un autre côté, certain musiciens de black metal norvégien, comme Ihsahn considèrent que la pensée traditionaliste va à l’encontre de l’esprit originel du black metal…

Silenoz : Je suis totalement d’accord ! Tout du moins, en considérant les choses que j’ai lues dans des interviews de lui ainsi qu’en lui parlant personnellement, je partage totalement l’opinion d’Ihsahn sur les choses. Car il s’agit de liberté, n’est-ce pas ? Il s’agit de se libérer de la norme, de se libérer du troupeau et de la meute, de façonner son propre chemin et l’arpenter une torche à la main. Ensuite, inévitablement, des gens vont suivre dans tes pas, mais c’est important que tu sois celui qui guide dans l’obscurité avec cette torche. Pour moi, ce genre de puristes sont tout aussi religieux que l’Eglise Baptiste parce qu’ils sont incapables de voir les choses sous un autre angle, ils sont très fermés d’esprit. Pour moi, ce n’est pas ça le black metal. Le black metal est une libération. Ceci dit, nous sommes trop vieux et trop insensibles pour se soucier de ce genre de chose [rires]. Nous avons tellement mieux à faire que d’écouter des personnes qui pensent mieux savoir. Ils sont libres de faire comme nous et ensuite on pourra comparer [petits rires].

POINT 2

Shagrath (chant) : Mon impression, avec mon expérience de la pratique Shamanique, est que les doctrines avec lesquelles on a été élevé se dissolvent, que ce soit la religion, la politique, la culture, le langage, peu importe. Ce sont juste des archétypes de distraction et d’aliénation. De mon point de vue, les frontières sont des illusions. Ce ne sont pas des produits de cette réalité mais peut-être de la façon dont on cartographie et révise la réalité. Durant tout ce temps depuis que je suis né, pour ma part, tout a été une question de décimation et annihilation totale de ce que tu crois être toi. Tu te détruits et ensuite tu récupères, tu te reconstruis, petit à petit, et à chaque fois que ça arrive, tu regagnes de la connaissance sur qui tu es et ce que tu es vraiment.

POINT 3

L’un des axes de la philosophie derrière cet album est que le temps est une notion très relative et qu’il n’y a qu’un maintenant éternel. Considérant ceci, essayez-vous de vivre dans l’instant présent et ne pas trop vous soucier du passé et du futur ?

Silenoz : Oui, absolument. Et ça génère moins de souffrance, car plus on a d’attentes, plus on a de souffrance. C’est vraiment un défi de vivre dans l’instant présent, mais si tout le monde avait cette idée de « d’accord, ne pensons pas trop loin dans l’avenir, gérons ce que l’on a ici et maintenant, » je pense que les gens seraient plus heureux, honnêtement.

Shagrath : Effectivement, nous vivons ici et maintenant, et si tu creuses profondément cette idée, tu te rends compte que le temps est le produit de l’homme. En vérité, le temps n’existe pas ! [Petits rires] C’est une manière un peu étrange de voir les choses mais quand même…

POINT 4

Vous avez déclaré qu’avec Eonian, vous vouliez un album plus organique, qui sonne plus naturel, et vous en avez « marre des albums qui sonnent digitaux qui sortent ici et là constamment. » Pensez-vous que c’est quelque chose dont certains de vos albums passés ont un peu souffert ?

Shagrath (chant) : Ouais. Et ça vient aussi de certaines deadlines. Surtout si on considère peut-être Puritanical, nous n’avions que quelques jours pour mixer l’album et je trouve que le son de la batterie, surtout, en souffre un peu. Je veux dire que les chansons sont super et la majorité du reste de la production sonne très bien mais la batterie sonne bien trop digitale. J’ai un remix de l’une des chansons de cet album réalisé avec un son de batterie correct, et ça sonne bien mieux ! [Rires] Mais évidemment, nous avons un autre regard que les fans. Et c’est comme ça. On apprend avec l’expérience. Je suis le genre de personne qui ne regrette rien, je prends ça comme un apprentissage permettant de voir s’il y a quelque chose qui doit être changé la fois suivante.

POINT 5

L’album sort juste à temps pour le vingt-cinquième anniversaire du groupe. Avec le recul, comment percevez-vous la façon dont le groupe a évolué ?

Silenoz : Je suis très fier, bien sûr, et heureux, satisfait de la distance parcourue par le groupe. Ça n’a pas été sans mal mais le secret de notre longévité, je crois, est dans ce que nous avons sacrifié pour faire ce que nous faisons. Le talent, selon moi, ce n’est que deux ou trois pour cent et le reste est du sacrifice, du sang, de la sueur et des larmes. Lorsque tu regardes d’autres groupes, on voit bien que c’est dur de maintenir un groupe en vie de nos jours, car il n’y a pas d’argent dans l’industrie, pour ainsi dire, mais je pense que n’importe qui ayant la motivation et l’envie de faire les mêmes sacrifices que nous avons fait et continuerons à faire, tôt ou tard, ils arriveront quelque part, car tout est une question de priorité. Par le passé, peut-être que certains membres ont préféré en priorité aller au cinéma avec leur petite amie, pendant que Shagrath et moi étions dans notre salle de répétition à travailler sur de la musique. C’est ça la différence.

Shagrath : Je suis très fier que nous ayons survécu en tant que groupe pendant vingt-cinq ans. Ça a été un grand défi aussi, bien sûr, mais en y repensant avec du recul, je suis très fier que nous soyons toujours là, et nous sommes plus passionnés que jamais. Etant le genre de personne ouverte d’esprit que je suis aujourd’hui, je pense que chacun de nos albums représente quelque chose de différent à chaque fois. Je suis très content que nous n’ayons pas été un groupe répétitif qui suit une certaine formule simplement pour avoir du succès, ou peu importe. Certains groupes font ça lorsqu’ils ont un bon album, ils essaient de répéter ce qu’ils ont fait sur cet album parce qu’il a eu du succès. Ce n’est pas notre manière de penser. Nous voulons progresser et nous améliorer, devenir de meilleurs compositeurs et accomplir de nouvelles choses à chaque album que nous faisons. Je pense que nous y sommes parvenus.

Shagrath (chant) & Silenoz (guitare)
Dimmu Borgir

Retrouvez l’interview dans son intégralité sur le site de Radio Metal.

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