Deep Purple sait s’adapter

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« Tu verras : cet album est fantastique ! » nous confiait récemment Mehdi El Jaï, Directeur de Verycords, à propos du nouveau disque de Deep Purple, Now What?!, que notre équipe de décérébrés a eu le privilège d’écouter en avant-première le mois dernier. Mais comment faire confiance à Mehdi qui nous affirmait également au téléphone quelques jours plus tard que « le prochain Dagoba qui sortira bientôt est également monstrueux » ?!! Avec pareil discours on pourrait légitimement s’interroger sur la bonne foi de notre interlocuteur… et pourtant.

Et pourtant, c’est vrai, le nouvel opus de Deep Purple, qui sortira le 29 avril prochain chez EarMUSIC, est un must et je vais tenter de vous expliquer pourquoi dès maintenant.

Déjà, ce qu’il faut savoir concernant votre humble serviteur, c’est que je ne suis pas spécialement amateur de la musique de Deep Purple… Eh oui à la rédaction nous avons, comme vous tous j’imagine, nos styles de metal préférés et il faut bien reconnaître que le hard rock des 70’s n’est pas vraiment mon genre de prédilection. Malgré cela, ce n’est pas pour autant que je suis incapable de savourer la musique des 70’s, ou que je ne peux pas en parler, car j’apprécie de temps en temps savourer les Led Zep’, Jimi Hendrix, Black Sabbath, Deep Purple, etc. puisque tous ces groupes font partager de la très bonne musique !

Et si je me permets cette digression personnelle inaugurale c’est avant tout pour résumer l’ensemble de cette bafouille : certes je ne suis pas fan de ce « type » de metal et oui j’ai pris une super grosse claque dans le visage avec ce formidable Now What?!. Était-ce dû à l’aspect chaleureux des bureaux de Verycords ? A mon humeur guillerette ? Ou tout simplement à la qualité intrinsèque de cet album ? Probablement que ces trois aspects ont joué un rôle dans mon analyse – l’objectivité « journalistique » est un mythe – toutefois je pense avoir assez conscience de mes sensations pour affirmer que la réponse la plus adaptée se trouve dans la troisième interrogation présente ci-dessus !

Faire un track-by-track de l’album pour dire « Whou sur celle-là il y a un soli ! Argh, sur ce morceau la puissance est incroyable ! » fait partie des exercices de rédaction particulièrement lassants et, particulièrement sur cet artiste dont tout le monde connaît la musique, sans grand intérêt puisque sur cet opus de Deep Purple fait évidemment, comme à son habitude, du Deep Purple… mais à la sauce 2013.

Et c’est sans doute ici que se trouve la première caractéristique de cet album qui arrive huit ans après Rapture Of The Deep : sa production est littéralement mon-stru-euse ! L’expertise de Bob Ezrin est indéniable car le célèbre producteur parvient à apporter sa plus-value, son expérience (l’homme a notamment travaillé avec Pink Floyd, Alice Cooper, Kiss, etc.) tout en parvenant à inscrire Now What?! dans le sillage des productions modernes léchées. A ce titre, le son de l’album est extrêmement soigné et l’auditeur à l’impression tout au long du disque de marcher dans un nuage de velours.

Sur le plan du son, ce disque est ainsi la preuve vivante qu’on peut être un groupe pionnier, fier de ses racines et de son identité, et avoir la capacité de s’adapter aux évolutions (technologiques) naturelles des choses. D’ailleurs le titre de cet album est bien tout sauf anodin, lorsque l’on y réfléchit ! « Now What?! », qui signifie dans la langue de Molière « Et maintenant qu’est-ce qui se passe ?! », pose la question de l’avenir du groupe en faisant référence à son présent et son passé. Ici le groupe joue avec la problématique de l’âge et du renouvellement qui le concerne. Derrière l’expression « Now What ?! » on a en effet l’impression de lire beaucoup de questions sous-jacentes du type « Est-ce que nous avons l’envie, les moyens, de continuer à avancer avec de nouvelles compos ? » ou encore « Et maintenant on fait quoi les amis ?! ».

Des interrogations essentielles que peuvent d’ailleurs avoir les fans du groupe comme les membres de Deep Purple eux-mêmes qui continuent, forcément, à se poser la question après chaque nouvelle tournée, chaque nouveau disque. Le décès du si important Jon Lord (ancien membre mais organiste historique du groupe) ayant pu renforcer, qui sait, les questionnements évoqués plus haut… D’ailleurs, la formation ayant aujourd’hui près de quarante ans d’activité, il paraît totalement compréhensible qu’elle s’interroge sur ce qu’elle a accompli et sur ce qu’il lui reste à accomplir… Et comme avec le temps il paraît que l’être humain acquiert de la sagesse : pas de honte à poser la question publiquement avec ce titre d’album… d’autant plus quand on est un groupe légendaire qui n’a ABSOLUMENT rien à prouver aujourd’hui !

Mais la réponse à la question posée par Now What?! est en fait contenue dans cet album (les morceaux sont clairement à la hauteur) dont la force symbolique se retrouve d’ailleurs dans le point d’exclamation de son titre : Deep Purple est bien tout sauf démodé, appartient autant au passé qu’au présent, conserve son savoir-faire qui fait taper du pied et à encore beaucoup de choses à dire. Le futur du groupe peut donc être envisagé sereinement.

Sur le volet des compos, ces onze titres sentent bon l’esprit des 70’s. Très efficace, « All The Time In The World », premier single dévoilé, avait donné le ton question groove même si on pourrait lui trouver un petit côté sirupeux. Concernant le deuxième titre révélé, ce « Hell To Pay » plein de gaieté, on peut souligner un vrai dynamisme qui promet au passage de beaux moments live avec son refrain accrocheur et participatif.

Ce disque parvient également à surprendre. Particulièrement avec son titre d’ouverture, « A Simple Song », où quelques accords de guitare bien sentis immergent l’auditeur dans le disque en douceur. C’est beau, cristallin et limpide. Le sens de la mélodie de cette chanson, où tout coule de source, est délicieux. La richesse musicale est également présente sur le morceau suivant, « Weirdestan », qui met en avant plusieurs couches vocales. Le son caractéristique de Deep Purple est présent tout au long de ces 57 minutes et sur « Weirdestan » on note un savoureux mélange entre soli de guitare cristallin et groove des autres instruments qui conservent la même rythmique.

Ça groove sec dans Now What?! et ce n’est pas le titre “Out Of Hand” qui remettra en cause cette affirmation péremptoire ! La maîtrise des musiciens est totale et l’atmosphère globale est décontractée, tranquille, facile. Cinquième titre de ce disque, « Body Line » et ses petits riffs qui font penser à du Aerosmith obligent à taper du pied et on se dit qu’on arrive à la deuxième partie de l’album sans s’être ennuyé sur un seul morceau… ce qui est frustrant car c’est quand même la raison d’être d’un média que de dire du mal des choses tout en étant de mauvaise foi !

Sur ce sujet, nous sommes donc sortis extrêmement frustrés de cette écoute…

Le disque se poursuit avec les groovy « Above And Beyond » et « Blood From A Stone » dont l’ambiance piano-bar devrait parler aux séducteurs et séductrices que vous êtes peut-être ! Les amoureux de guitare se contenteront pour leur part du morceau « Uncommon Man » qui comporte des soli d’une qualité exceptionnelle. Là encore le mélange orgue Hammond / guitare est une fois de plus réussi avec brio. A l’image du dernier morceau de l’album, l’opéra/hard « Vincent Price », dont on a l’impression qu’il conviendrait parfaitement pour une célébration mortuaire…

C’est donc sur un titre à dimension épique de grande qualité que ce termine déjà Now What?!. Pas étonnant : en moins d’une heure on avait compris que l’on avait affaire à un disque rayonnant dont nous n’avons perçu aucun défaut. Bref, très déçu qu’après l’écoute de ce Now What?! le talent de Deep Purple nous ait contraint d’écrire uniquement des choses positives…

Alala… dur métier que le nôtre.

(Article initialement sorti sur le site de Radio Metal)

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