Vianney : « Gojira est un groupe mythique »

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En 2017, un reportage sur Gojira avait été diffusé dans Quotidien, l’émission de Yann Barthès. Invité sur le plateau, Vianney avait réagi en affirmant qu’il appréciait le groupe. Profitant de l’actualité chargée du chanteur qui a sorti en octobre dernier son nouvel album N’Attendons Pas et intégré cette année le jury de The Voice, Radio Metal lui a accordé une tribune pour qu’il nous parle metal !

Note : Tribune parue initialement dans le premier numéro du magazine Radio Metal. Le second numéro est actuellement disponible aux points de distribution et en commande dans notre shop.

« J’écoute du metal depuis très longtemps. Depuis l’âge de quatorze ans en fait. C’est marrant que Radio Metal ait eu l’idée de me faire parler metal, car j’ai repensé à ma découverte du style, il y a quelques jours de cela, en regardant une interview vidéo du groupe français Pogo Car Crash Control qui a été diffusée par Konbini ! À un moment, le batteur parle du premier album qu’il a acheté et c’était le même que moi quand j’avais 14 ans : Does This Look Infected ? de Sum 41. Je le rejoins quand il dit que ce disque est très metal, très dark, beaucoup moins “pop” que les autres… Même si c’est un terme que l’on ne peut pas vraiment tenir devant des puristes !

Cet album a vraiment été mon premier contact avec ce style de musique. Il m’a apporté une énergie que je recherchais, l’obscurité dans la musique que j’ai retrouvée dans beaucoup de groupes français comme AqME, Pleymo ou Enhancer (l’époque de la Team Nowhere) – qui ont véritablement fait partie de mon quotidien d’adolescent. Donc pour moi, tout a débuté avec Sum 41, dans une veine plus punk-rock que metal, mais avec un album bien vénère pour commencer. Je me suis ensuite intéressé à la scène française, d’où ma découverte plus tardive de Gojira. Le chemin s’est fait avec mon grand frère car lui et moi écoutions beaucoup de groupes comme Rhapsody, Nightwish, System Of A Down, etc. D’une manière générale, j’aime bien le metal mélodique, c’est pour cela que System me parle tout autant que Nightwish.

« Le metal a répondu à mes questionnements d’adolescent, à toutes ces incompréhensions qui viennent à un âge où l’on se pose inévitablement des questions. J’ai vraiment trouvé refuge dans le metal. »

J’aime toujours autant cette scène aujourd’hui. Elle est toujours en moi. Le metal a répondu à mes questionnements d’adolescent, à toutes ces incompréhensions qui viennent à un âge où l’on se pose inévitablement des questions. J’ai vraiment trouvé refuge dans le metal, dans des albums comme Polaroïds & Pornographie d’AqME, que j’écoutais à quinze ans devant mes parents pour faire le malin. Quand j’ai découvert AqME, j’aimais leur musique parce qu’elle était dégueulasse, crade et divergente. C’était tellement rare de trouver des groupes avec une voix aussi sale que les textes, où la seule ambition était d’essayer quelque chose… Et j’aimais ça. Évidemment, cela ne transparaît pas clairement dans mes chansons mais j’adore faire des clins d’œil à cette scène metal-rock. Pendant les concerts de ma dernière tournée, je jouais toujours un morceau de Rage Against The Machine et il est arrivé que des gens pas spécialement familiers avec ma musique – tu sais, genre le metalleux qui accompagne sa copine au concert de Vianney – viennent me voir pour me demander s’ils m’avaient bien entendu jouer du Rage ! Le metal est très clairement un genre aussi noble que les autres à mes yeux. Sur le plan médiatique, le style est peu présent dans les médias généralistes mais, quand j’étais plus jeune, Oui FM passait ce genre de musique et le Mouv’ n’était pas du tout une radio rap à l’époque. Sur le Mouv’, il y avait de tout, beaucoup de rock et même des groupes français et indépendants. Je ne saurais pas expliquer pourquoi cette scène est peu présente en radio de nos jours, alors que nous sommes beaucoup trop à aimer cette musique ! Il suffit de voir à quel point les concerts sont blindés pour le constater. Peut-être que les médias considèrent que ce n’est pas au goût du jour ni tendance, branché ou cool. Pourtant, le rock était considéré comme cool dans les années 60 et 70. C’est un peu bizarre.

« On peut dire du metal que c’est du bruit et de la variété que c’est de la soupe, alors qu’on y trouve des choses magnifiques. »

Après, sur l’exposition des musiques dites énervées, on peut quand même être témoins de petits miracles : Green Day a marqué énormément de gens qui, sans même en avoir conscience, écoutaient du rock et faisaient vivre cette musique. Idem pour Linkin Park. Aujourd’hui, c’est dans le mainstream mais quand tu écoutes un groupe comme Linkin Park, tu sens qu’ils ne plaisantent pas, entre les sons très rock et la voix tarée de Chester Bennington complètement assumée. Mais pour revenir à ce qui se passe chez nous, en France on a un exemple marquant de réussite, c’est Gojira. Un groupe dont le succès s’explique par leur persévérance et leur foi inébranlables. Je pense d’ailleurs avoir plus de points communs avec des gens comme les musiciens de Gojira qu’avec d’autres qui sont sur la même scène que moi. Je ne les connais pas personnellement mais, de ma petite fenêtre, leur exploit extraordinaire s’explique par leur degré de passion. On ne peut pas s’acharner sur une scène aussi indépendante, à ce point-là, sans être un énorme passionné. Et je suis à peu près persuadé que les membres de Gojira n’écoutent pas que du metal, ils doivent avoir une grande culture des différentes influences musicales.

Je suis assez admiratif des passionnés comme Gojira qui vivent à ce point leur passion et qui en sont remerciés par un succès dingue. Ce n’est bien sûr pas un niveau de reconnaissance “populaire” mais quiconque les connaît a conscience de l’exploit monstrueux qu’ils ont réalisé à force de recherches très poussées sur la musique, sur le son, la manière de jouer, etc. Ils ne répondent pas du tout au cliché du groupe “qui ne fait que du bruit”. C’est marrant car mon père a beau être très ouvert et grand fan de rock, quand mon frère et moi mettions du metal, il nous disait : “Arrêtez votre truc de vomito !” Je comprends ce point de vue quand on est étranger à cette musique. C’est toujours pareil de toute façon : on peut dire du metal que c’est du bruit et de la variété que c’est de la soupe, alors qu’on y trouve des choses magnifiques. Dans tous les styles, il y a de la très mauvaise musique mais aussi de très bons groupes. Un Gojira en est la preuve car c’est devenu un groupe mythique. »

Extrait audio disponible ici.

Propos recueillis par téléphone le 21 octobre 2020 par votre serviteur.
Photos : Jerome Witz (1 & 2) & Julien Mignot (3).

Site officiel de Vianney : vianney-musique.com

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