Nous les chiens de la casse

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Nous ne savons pas ce que l’expression « profiter du monde de la musique » signifie. Alors nous n’avons pas d’aigreur. Car nous ne pouvons pas avoir d’aigreur. Nous ne sommes en aucun cas nostalgiques, et encore moins attachés au passé, parce que nous sommes trop jeunes pour avoir connus l’âge d’or de la musique. Lorsque les groupes vendaient des millions de disques, lorsque d’incroyables voyages de presse étaient constamment mis en place pour des journalistes proches des artistes ou lorsque les fans de musique achetaient des CDs par paquet de dix.

Nous connaissons l’Histoire. Nous respectons nos aînés. Mais nous en sommes profondément détachés. Car cette Histoire c’est avant tout la leur et finalement pas (vraiment) la nôtre.

C’est une question de générations et ça s’applique évidemment à plein de domaines. Créé en 2007, nous n’avons pas connus la période de l’avènement de notre propre industrie, de notre propre sphère d’activité, et les chiens de la casse (de la musique) dont parle Mouss’ de Mass Hysteria ci-dessous : c’est nous.

Notre quotidien a toujours été très dur. En conséquence, la mélancolie est profondément ancrée en nous. On l’a combattue puis on l’a acceptée. On a lutté contre elle avant de se résigner pour apprendre à vivre avec elle. De l’art de prendre le parti d’avancer en se disant qu’on n’avait pas d’autres choix possibles.

Alors qu’au fond on a toujours le choix. Le choix (d’arrêter), tu l’a tout le temps. Les difficultés, on n’aura presque connu que ça mais on a appris à composer avec même si on ne pensait pas qu’on souffrirait autant. Mais vous savez ce qui est positif avec la souffrance ? C’est que ça te tue (car tout nous tue) mais en même temps ça te conserve. « No Pain No Gain ». Alors si en plus t’es endurant et que tu commences à prendre plaisir à souffrir, ton cas devient limite irrécupérable ! Ça fait partie de ce que les gens appellent « la passion ».

On n’avait pas encore démarré que tout s’était déjà écroulé. On fait partie des rescapés certes, mais on est des naufragés quand même. Ce n’est pas grave, on a appris à nager. Et malgré les eaux troubles, les tsunamis émotionnels, les tremblements de terre psychologiques, les tornades infernales, les reconstructions perpétuelles, les équilibres incertains et toutes les joyeusetés qui font notre quotidien nous sommes aussi épanouis, déterminés, jouisseurs et concernés – si ce n’est plus – qu’au début.

Mais cette mélancolie dont parle Porcupine Tree est en nous. Et elle ne nous quittera jamais.

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