Après trente-six ans de bons et loyaux services, Brian Johnson pourrait ne plus jamais chanter au sein d’AC/DC. Même si la rumeur Axl Rose (qui tend à se confirmer) ne serait effective que de manière ponctuelle, le fait est que le successeur de Bon Scott n’assurera pas les prochaines dates du groupe australien ce qui est en soi un événement surprenant. Mais il faut dire qu’en ce moment tout ce qui tourne autour d’AC/DC est surprenant !
Tout d’abord, le fait que le combo fasse le choix de maintenir ses dates malgré l’absence de son frontman (qui souffre de problèmes d’ouïe) est un parti pris qui peut étonner.
Angus Young ne sera peut-être pas tout à fait en phase avec cette analyse mais Brian Johnson, aux yeux de la très grande majorité des fans d’AC/DC et de rock en règle générale, est un membre clairement aussi important que les autres musiciens du combo (par son poste, son attitude, son charisme) pour ne pas dire plus. En conséquence, aujourd’hui on a vraiment du mal à se représenter un concert d’AC/DC sans l’ex-chanteur de Geordie au micro surtout que Malcolm Young (l’âme créative du groupe) et le batteur Phil Rudd – deux membres historiques d’AC/DC – n’en font déjà plus partie pour des raisons de maladie ou de problème judiciaire.
Même s’il a intégré AC/DC alors que les Australiens avaient déjà une belle carrière derrière eux et un succès international, Brian Johnson est parvenu avec classe à intégrer l’héritage laissé par Bon Scott tout en apportant sa propre personnalité. L’homme au béret a su relever le défi (extrêmement délicat, rappelons-le) qui lui a été proposé en 1980 suite à la mort de son prédécesseur devenu une icône. Dans cette optique, qu’il ait le sentiment, comme le rapportait récemment son ami comédien Jim Breuer, d’être encore un musicien de session après près quarante ans d’investissement au sein du groupe est absolument ahurissant vu de l’extérieur !
D’ailleurs, Angus Young et ses collègues donnent le sentiment de ne pas être choqués outre-mesure de continuer l’aventure sans Brian Johnson. Ce qui peut corroborer les récents propos de l’animateur Jason Bailey, le premier a avoir révélé la présence d’Axl Rose à Atlanta avec les membres d’AC/DC, qui expliquait selon une source proche du groupe australien qu’Angus Young voulait de toute façon continuer à tourner quoi qu’il arrive, que Brian Johnson soit là ou pas. Une attitude qui laisse penser qu’Angus a sans doute dans la tête que c’est d’abord lui qui incarne AC/DC aux yeux de l’opinion (un constat en phase avec la réalité).
Toutefois, en poursuivant sans Brian Johnson le groupe fait le choix d’avancer coûte que coûte. Cette persévérance, cette détermination souligne la passion intacte d’Angus Young pour le groupe qu’il a monté avec son frangin en 1973 mais elle entraîne des prises de décisions qui peuvent désarçonner. Celle d’Axl Rose (Guns N’ Roses) pour remplacer Brian Johnson sur dix dates, aux yeux de beaucoup, fait partie de ces choix discutables. Pour autant Axl Rose a le profil pour assurer très convenablement lesdits concerts. Il a pour lui l’esprit rock, l’expérience des scènes gigantesques, du charisme, de la personnalité… La question qui peut éventuellement se poser le concernant est son grain de voix (original et nasillard) qui sur des morceaux d’AC/DC donnera peut-être le sentiment à la foule d’assister à la prestation d’un cover band du groupe australien – encore une fois il n’y aura sur scène ni Brian Johnson, ni Malcolm Young, ni Phil Rudd… – plutôt qu’à un concert d’AC/DC a proprement dit. En tout cas, ce qui est certain, c’est que l’intégration même ponctuelle d’Axl au sein d’AC/DC suscite la curiosité et peut surprendre.
A l’image, plus globalement, des choix d’AC/DC ces dernières années (le fait de continuer sans Malcolm, puis sans Brian aujourd’hui) qui au nom d’une envie de continuer impressionnante après quarante-trois ans de carrière prend des décisions qui touchent quoi qu’on en dise son image. Même si, fort heureusement, elles n’ont pas (encore) de conséquences sur son prestige.