L’Au-delà de My Sleeping Karma

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Le festival des 20 ans de Garmonbozia fut une belle réussite à tous les niveaux. Outre la journée sold-out du vendredi 26 octobre, l’association aura proposé, lors de ces deux jours de festivités, des concerts de haut vol. Si les shows d’Amenra ou Tormentor ont notamment fait partie des moments forts de ces quarante huit heures dédiées aux décibels, je souhaitais revenir avec vous sur la performance de My Sleeping Karma. Démarrant son set autour de 21h15 lors de la journée du samedi, le quatuor allemand a fait planer l’audience pendant une petite heure de douceur instrumentale.

Si elle devait être résumée, My Sleeping Karma propose une musique qui repose sur deux piliers : le calme et la libération. Ses mélodies, à l’image des mantras bouddhistes, sont apaisantes de par leurs caractères répétitifs. Les compos du quatuor enlacent véritablement l’auditeur/spectateur pour l’emmener dans un territoire que l’on peut tenter de définir par un mot-clé souvent absent du vocabulaire de la société actuelle : la quiétude. Il suffit d’observer sur scène les sourires des membres du groupe pour comprendre que ce dernier navigue dans des ondes positives. My Sleeping Karma fait du bien en faisant du bon.

Artiste : My Sleeping Karma
Date : 27 octobre 2018
Salle : L’Etage
Ville : Rennes [35]

Vous êtes peut-être habitués à voir ces images de groupes qui se retrouvent en cercle, bras-dessus bras-dessous, juste avant de monter sur scène pour se motiver ? Les membres de My Sleeping Karma le font également. Mais ils agissent ainsi sur scène, devant leur public, avant de se saisir de leurs instruments. Car on a ici affaire à des musiciens qui ne mettent pas de frontières entre leur fibre artistique, visible de tous sur scène, et leur personnalité profondes d’êtres humains. Les quatre têtes pensantes de My Sleeping Karma ne sont pas des apôtres du superficiel ou des artificiers, ils sont authentiques et respirent autant l’honnêteté que la simplicité.

Cela se voit dans leurs attitudes sur scène, dans la manière qu’ils ont de communiquer avec le public, dans leurs tenues de scène décontractées (jeans, baskets). Bref dans tout. C’est pour cette raison qu’ils se réunissent ainsi devant nous au début de ce set. Comme pour signifier clairement que ce moment-là, nous allons le vivre tous ensemble puisque le quatuor accepte aimablement de nous faire rentrer dans ce noyau qu’ils incarnent.

Les concerts de My Sleeping Karma sont une cérémonie où le but recherché est la communion.

Cette vision du partage peut également se voir dans les regards que les Allemands se portent entre eux. Si Norman à l’électronique reste le moins communiquant, les trois autres musiciens ne cessent d’échanger sur scène et de se marrer. Ils ont tous la banane, cela se sent et se voit. Forcément, cette attitude positive donne au public la pêche, donc il est parfaitement logique que ce dernier applaudisse à tout rompre les Allemands lors de la fin des morceaux. Il faut dire que ces titres sont interprétés d’une manière tellement carrée ! Steffen à la batterie est à ce titre impressionnant de maîtrise.

La puissance dans la maîtrise, la maîtrise dans la puissance : My Sleeping Karma est un groupe qui repose sur des équilibres clés pour atteindre l’harmonie.

De par son physique impressionnant, le quidam pourrait sans doute juger a priori Seppi (guitare), situé au centre de la scène, comme bourru. Or dix secondes de vision du concert montrerait à ce néophyte que l’habit ne fait pas le moine. Car, au contraire, c’est bien une énorme douceur qui se dégage de son attitude. Ses pattes d’ours sont uniquement là pour martyriser son instrument. En fait, le musicien et ses collègues sont des gaillards en forme de crèmes, ou plutôt des crèmes en forme de gaillards, ayant le don de transporter leurs fans dans un autre monde. Ce dernier est un au-delà où le stoner devient atmosphérique, où le psychédélisme revêt une chaleur perceptible. My Sleeping Karma est un psychotrope à lui seul, un remède pour ceux qui recherchent la paix et peut-être, plus globalement, un résumé en quelques notes d’une véritable philosophie de vie.

Remerciant chaleureusement l’équipe de Garmonbozia pour son accueil, tout en lui souhaitant à nouveau son anniversaire, les membres quittent la scène après un concert dantesque, plein de vibrations et de légèreté, où le seul artifice aura été des projections derrière le batteur.

Un grand moment. Comme à chaque fois.

Setlist :

Brahama
Prithvi
Enigma 23
Ephedra
Vayu
Akasha
Psilocybe

Pour découvrir le groupe :

Report : Amaury Blanc
Photos : Elie Lahoud-Pinot

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