La logique de l’illogique

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Il faut reconnaître qu’Eddie, personnage mythique créé par Derek Riggs et présent sur les artworks d’Iron Maiden, a un physique pour le moins difficile. Mais à sa décharge il est fort rare que les zombies soient représentés dans le folklore occidental en costume cravate avec la tête d’Alain Delon jeune ! Oui la mascotte de Maiden n’est pas un prix de beauté mais de là à ce qu’elle effraye les enfants (qui en ont vu d’autres…) il y a tout de même un pas.

Pas que la RATP a franchi sans sourciller en refusant d’afficher sur son réseau la publicité ci-dessus mettant en avant Eddie et son nouvel ouvrage heavy metal, The Book Of Souls, sorti le 4 septembre chez Parlophone Records.

Une décision tellement étonnante que certains se sont même interrogés sur la véracité de l’info ! Il est vrai que cela était tellement gros qu’il en devenait presque légitime de se poser la question. Pour autant la RATP a bel et bien refusé cette publicité puisqu’elle a jugé qu’elle était « trop effrayante pour les enfants » nous a confirmé Parlophone Records, joint au téléphone il y a quelques jours.

Le service parisien n’en est pas à son coup d’essai en matière de censure. Encore récemment il avait décidé de ne pas diffuser l’affiche ci-dessous du concert « Les Prêtres » prévu le 14 juin dernier à L’Olympia de Paris en demandant le retrait de la mention « au profit des chrétiens d’Orient » au nom de la laïcité. Devant la levée de boucliers d’associations chrétiennes et de responsables politiques, la RATP avait fait machine arrière…

Dans le secteur de la culture, les interdictions sont récurrentes et Iron Maiden n’est donc pas le seul groupe dont les campagnes publicitaires ont été refusées par la RATP dans le cadre de la promotion d’un album. On se souvient notamment des cas Saez, ou plus récemment Etienne Daho, qui tous les deux représentaient des femmes dénudées mais toujours dans le cadre artistique.

Même si elles peuvent évidemment prêter à débat, ces interdictions de la part de la RATP sont étonnantes venant d’une structure qui n’hésite pourtant pas, entre autres, à tapisser son officine d’immenses publicités 4/3 vantant les mérites de sites internet extra-conjugaux ou à mettre en avant des affiches de films sanguinolentes sans parler de filles dénudées aguicheuses. En fait les décisions de la RATP paraissent souvent être prises au petit bonheur la chance et dépendantes du contexte du moment. Difficile donc d’y trouver de la logique, à part la logique de l’instant T.

On se souvient à ce titre de l’interdiction des affiches de films Coco Avant Chanel (2009) ou Gainsbourg (vie héroïque) (2010) en vertu de la loi Evin. Sans parler de l’affiche du spectacle de Stéphane Guillon, qui pourtant n’avait rien de bien choquante, ou du film « Anges Et Démons », toutes les deux pour raisons politiques.

Même si la RATP doit gérer des conventions que l’on imagine contraignantes, comme l’évoquait son service de communication sur l’affaire des Prêtres, le problème de fond que soulève ces interdictions de la RATP est de savoir « ce qui est moral ou pas » ou « ce qui peut choquer ou pas ». Ces notions étant tellement complexes – et relevant avant tout de l’interprétation subjective et personnelle de chacun, à son parcours individuel et à son ressenti -, il paraît délicat de trouver du sens dans ces interdictions diverses et variées du service parisien car le souci est que l’on en voit pas les limites, ni où elles commencent ni où elles se terminent. D’autant plus que la RATP souhaite visiblement éviter d’aborder publiquement ce sujet (joint par email la RATP n’a pas souhaité répondre à notre demande d’interview).

Etre choqué par une simple tête de zombie horrifique est par ailleurs d’autant plus étonnant que la RATP avait par exemple accepté par le passé sur son réseau des affiches du Hellfest dont l’identité visuelle est forte. En tout cas si la RATP a été choquée par la campagne Iron Maiden ci-dessus qu’est-ce que cela aurait été si Iron Maiden avait annoncé de cette manière sa prochaine tournée française !

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