Emporté par la foule

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Avicii est décédé vendredi 20 avril 2018. Un sacré choc car le DJ avait seulement 28 ans. Quand j’ai vu la news du journal Le Monde sur le sujet, ça m’a vraiment fait quelque chose parce que, même s’il n’y a pas d’âge rêvé pour partir, pour le coup c’est vraiment trop tôt. Avicii, de son vrai nom Tim Bergling, est né le 8 septembre 1989 à Stockholm (Suède). Il fut un producteur et DJ précurseur, précoce et immensément talentueux.

Sa carrière décolle véritablement en 2010 alors qu’il n’a que 20 ans. Néanmoins, en 2014 il connaît déjà plusieurs problèmes de santé importants. Le 27 mars 2014, il est ainsi contraint d’annuler un de ses concerts dans le cadre de l’Ultra Music Festival. Il est notamment atteint d’une pancréatite aiguë à cause d’une consommation excessive d’alcool et de boissons énergisantes. Par la suite, il se fait retirer la vésicule biliaire et l’appendice, ce qui l’oblige à annuler une série de concerts durant la même année.

Le 29 mars 2016, Avicii annonce qu’il mettra définitivement fin à ses tournées et shows à la fin de l’année en cours pour des raisons de santé. Quelques mois plus tard, le 28 août 2016, l’artiste se produit pour la dernière fois sur la scène de l’Ushuaïa d’Ibiza, moins de dix ans après ses débuts dans le monde de la musique.

20 Minutes a partagé un article très intéressant sur la trajectoire complètement dingue d’Avicii. On y apprend notamment qu’il a effectué entre 2008 et 2016 plus de 800 concerts. Je ne sais pas trop si chacun est en mesure de se rendre compte de ce que ce nombre représente ! C’est complètement fou, hors-norme et surtout très dangereux. A la base, il faut bien comprendre qu’aucun artiste n’est capable de supporter une telle cadence, un tel rythme de concerts, sans « aides ». Et ce d’autant plus sur le long terme. C’est d’ailleurs pour cette raison que les artistes, lorsqu’ils sont en tournée, font des pauses (day off) dès qu’ils en ont les moyens financiers. Chose qu’Avicii pouvait (sur le principe et même si je ne maîtrise pas les tenants et les aboutissants) se permettre, à la différence de beaucoup d’artistes qui sont contraints d’enchaîner des dates à bloc, sur une courte période déterminée (rarement au-delà d’un mois/un mois et demi pour une tournée européenne) pour rentabiliser au maximum leur investissement (leur source de revenus étant de plus en plus basée sur les concerts).

Le parcours et les choix d’Avicii soulignent son côté passionné, et toute la frénésie qui peut parfois aller avec l’amour de ce qu’on fait. Il est tombé dans un engrenage : celui du plaisir, de l’adrénaline et du partage. Il y a pire comme engrenage, me direz-vous. Le problème c’est que je pense que c’est d’abord cela qui l’a tué. Et je trouve ça dommage même si, d’un autre côté, je me dis aussi que c’est vraiment la vie qu’il a choisie. Au final, en 10 ans le mec aura vécu, en termes d’intensité, plusieurs vies de quelqu’un dit de « normal ». Je ne sais pas si le jeu en valait la chandelle. Je pense plutôt que oui car, ici-bas, l’important n’est-il pas de s’épanouir, de se réaliser et de se faire plaisir ? D’être heureux en somme, et ça chacun le ressent de manière différente.

Le monde d’Avicii, je pense qu’il faut avoir à un moment de sa vie bossé de près ou de loin dans la culture pour vraiment le comprendre. Car en étant confronté à ce genre de mecs, on comprend très facilement que ce monde-là est un autre monde. Un monde parallèle, hors du temps. Ces gens-là sont, un peu malgré eux parfois, des oiseaux de nuits. D’autant plus quand on est DJ car il faut s’imaginer démarrer son set à 22H, minuit ou 2H, se coucher à 6H à cause de l’excitation, dormir 5 heures, voyager etc. La vie de tous ces gars, peut-être même encore plus dans l’electro, est décalée et extrême.

Avicii a été emporté par (son amour de) la foule et peut-être, qui sait, par bien d’autres choses. Pour les raisons évoquées ci-dessus, ça me rend à demi malheureux pour lui. Personnellement, la triste nouvelle de son décès m’aura en tout cas ramené à un vieux dicton (télévisuel mais de bon sens, comme quoi hein…) qui dit que « sans maîtrise, la puissance n’est rien ». Dans cette optique, essayons de trouver comme Avicii l’intensité, la joie et la puissance – d’être, comme lui, à bloc le plus souvent possible pour saisir l’instant T de la manière la plus concrète qui soit -, mais le plus longtemps possible et surtout dans l’équilibre pour préserver sa santé. Car c’est cette dernière qui nous octroie le loisir de faire ce qu’on veut et je pense qu’il ne faut pas l’oublier. Même si, personnellement, je me serais bien passé de ce sinistre rappel à l’ordre.

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