Divisions

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Demain on aura un nouveau président de la République. Ou une nouvelle. Les gens en parlent beaucoup et je trouve ça plutôt bien d’ailleurs. Hier soir, un pote de la radio m’expliquait par exemple qu’il avait regardé à la télévision le débat Macron-Le Pen avec trois ou quatre de ses amis. Pour moi c’est très positif pour une société que ses citoyens s’intéressent à la question Politique. Cet amour du débat, de la contradiction/critique/opposition permanente, est d’ailleurs un phénomène très français. Après, se réunir avec ses potes pour regarder ce que beaucoup de gens considèrent comme le match entre « le-méchant-banquier-contre-la-méchante-nationaliste », c’est aussi le symbole de ce qu’est avant tout devenue la Politique à nos yeux : du divertissement.

Et je ne sais pas, en revanche, si ce constat révèle quelque chose de positif.

Comme beaucoup de personnes, ce second tour ne me convient pas. Personnellement j’aurais bien aimé que Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon soient au deuxième tour en face de Marine Le Pen car ce sont de mon point de vue les trois personnalités politiques, parmi les cinq candidats majeurs, qui sont les plus fidèles à leurs convictions profondes. Sur ce sujet j’ai conscience que je peux tout à fait me tromper, évidemment, parce que quand il s’agit de juger les politiciens on se trompe de toute façon souvent, nous le Peuple.

Je pense qu’Emmanuel Macron a de très grandes chances de remporter cette élection. Le contraire serait franchement surprenant. Mais, pour moi, le résultat ne changera rien à un fait important : les Français sont plus que jamais divisés sur le plan des idées politiques. En conséquence, ce président, ou cette présidente, ne conviendra pas à grand-monde.

Je trouve sur ce sujet qu’on n’a pas assez souligné à quel point les résultats du 1er tour ont montré la profonde division qui règne entre nous tous quand il s’agit d’évoquer la Politique. Les quatre candidats principaux – Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon – ont tous recueilli près de 20% des votes, soit 80% des suffrages exprimés. Cela veut tout simplement dire qu’à la base près de 80% des électeurs ne partageront pas du tout (ou alors fort peu) les idées du prochain président ou de la prochaine présidente.

Ce qui est franchement colossal.

Le prochain président, ou la prochaine présidente, n’aura donc pas été choisi par près de 80% du peuple français. Franchement, là on est bien au-delà du choix par défaut… D’ailleurs, même si beaucoup de gens vont sans doute voter blanc ou s’abstenir, un grand nombre d’électeurs d’Emmanuel Macron lui apporteront leur voix avant tout pour faire barrage au Front National alors qu’ils sont souvent bien loin de partager ses idées. C’est donc probablement la peur de la division totale qui va permettre à Emmanuel Macron de remporter cette élection. Et si ce n’est pas lui qui la gagne mais Marine Le Pen, alors le risque de trouble sera sans doute encore plus élevé car la division entre les gens sera encore plus forte, peut-être même à son paroxysme.

Je suis très curieux de voir le choix que vont faire les Français demain soir et ce qu’il va se passer dehors.

Sans doute rien. Peut-être pas grand-chose. Ou alors beaucoup.

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