6 preuves qu’Alan Averill (Primordial) n’a pas sa langue dans sa poche

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« J’admire l’orthodoxie du heavy metal et du black metal. J’admire que ça ne veuille pas progresser ou aller quelque part. J’adore ça ! Lorsque les groupes disent : « Oh, tu sais, on est ouverts d’esprit… » Je les déteste un peu pour ça. J’aime les gens qui disent : « Non, je suis fermé d’esprit, j’en n’ai rien à foutre ! » [Rires] Comme Rob [Curry] de Vomitor, un de mes meilleurs potes. Il est putain de fermé d’esprit ! Et il n’en a rien à branler. Il me dit tout le temps qu’il écoute son propre album, et ça me fait marrer, et il dit : « Mec ! C’est la musique que je veux écouter ! Je t’emmerde ! » Il a complètement raison ! Son attitude est tellement pure. Il est genre : « Ouais, je suis fermé d’esprit, je suis un metalleux, je t’emmerde. Je n’ai pas besoin d’écouter Nick Cave, va chier ! » Personnellement, j’adore Nick Cave, mais son attitude est tellement pure que tu es obligé de l’adorer ! Donc ma réponse est : oui, j’écoute plein d’autres trucs, mais j’admire totalement la fermeture d’esprit et l’orthodoxie les plus absolues pour tout ce qui touche à ça. Je ne pense pas que le black metal était censé progresser plus loin que l’aspect arriéré et primitif, et la barbarie spirituelle ou peu importe. Je crois toujours la même chose que je croyais en 91. Donc je suis assez fier que ça n’ait même pas progressé d’un centimètre. Mais d’autres gens peuvent penser ce qu’ils veulent, ça n’a pas vraiment d’importance, n’est-ce pas ? »

(A propos de l’attente concernant le dernier album) « Simplement la vie qui se met en travers du chemin. Des conneries ennuyeuses et sans intérêt. Des raisons liées à la vie. Ca semblait juste difficile de nous réunir tous dans une pièce pour répéter. Nous vivons assez éloignés. Nous ne sommes pas un groupe professionnel. Tout le monde travaille, a des enfants, des responsabilités, des familles, des vies, des factures à payer… Rien d’intéressant. Tu sais, si tu es parti pendant deux ou trois weekends pour jouer dans des festivals et que le weekend suivant tu dois répéter, alors que tu as des enfants en bas âge, tu n’as pas très envie. Ou alors si tu as travaillé toute la journée, que tu te lèves à sept ou huit heures le matin, tu reviens à cinq ou six heures, tu n’as pas envie de prendre ta voiture et conduire pendant deux heures pour aller répéter un mardi. C’est simplement comme ça que ça fonctionne. Il n’y a pas de raison intéressante. N’importe qui te le dira : à mesure que tu vieillis, ça devient plus dur de coordonner tout le monde. C’est la même chose dans n’importe quel parcours de vie. »

« Comme je l’ai dit, nous ne sommes pas un groupe professionnel. Nous ne vivons pas du groupe. Nous ne pouvons pas passer des jours à discuter des changements de tempo et tout. C’est toujours ce genre d’environnement pressurisé, mais c’est ainsi. Il y a toujours des disputes, des conflits et quelques tensions. Ça fait partie de ce que nous sommes, je suppose. Enfin, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas… Evidemment que nous nous amusons, nous rigolons et passons de supers moments aussi, mais il y a toujours de la tension créative. Nous sommes comme ça. Je pense qu’on peut entendre dans la musique que plusieurs personnes tirent dans des directions légèrement différentes, mais c’est ce qui donne son caractère à la musique. Et ça fait tellement longtemps que nous faisons ce groupe que nous savons quand l’un de nous est de mauvais poil rien que par la manière dont il boit son café. Disons qu’on sait quand il y a quelque chose qui chauffe, autre que le café. Il arrive encore parfois que nous nous détestions, comme ça a pu se savoir durant un festival ou autre. Nous sommes simplement normaux. C’est humain ! Mais il n’y a pas d’égo derrière tout ça, vraiment. Nous pouvons nous dire les pires saloperies, nous saouler, carrément en venir aux poings, et le lendemain, dire « ouais, peu importe, désolé, » et c’est oublié. Car le groupe n’est pas meut par les égos, il n’y a pas de rock star. Peut-être que c’est très irlandais. Nous avons tendance à dire les choses franchement. »

« Il y a des parties de chant relativement compliquées sur l’album, et des harmonies difficiles, mais à la fois, si la fin d’une phrase est légèrement fausse, ça ne me dérange pas, je me fiche de ce genre de chose, vraiment. C’est un peu étrange. C’est comme y donner la plus grande importance qui soit et à la fois n’en avoir rien à foutre. »

(A propos de la force de ses textes) « Primordial a toujours employé des morts forts ! [Petits rires] Ecoute, il y a des choses à dire avant de discuter de ça. L’une est que les paroles et thèmes globaux ne sont pas abordés sous une perspective politique moderne, ils ne sont pas écrit sous une perspective de gauche ou de droite, même si je suis sûr que des gens le verront ainsi s’ils le veulent et s’en feront une idée sans savoir. Aussi, mes opinions politiques ne sont pas nécessairement les mêmes que celles du reste du groupe. En gros, le thème brut est que j’ai perçu une maladie au cœur de l’Occident, une sorte de maladie spirituelle. Les gens parlent désormais de l’Occident uniquement dans un sens péjoratif et négatif, et pourtant, c’est la culture qui nous a offert la Démocratie, les Lumières, la Renaissance, la révolution industrielle, de grandes œuvres de littérature, de grandes œuvres d’art, la musique classique, toutes ces choses, et ça me stupéfait qu’on ait remplacé tout sens d’estime de soi par un nihilisme le plus complet, du vide, de l’immoralité, une hypersexualité, de la décadence. Et j’observe, à tort ou à raison, ce que je perçois comme l’effacement de cette culture. C’est aussi une observation de l’antiintellectualisme, l’antiscience, pour se diriger vers une sorte de nouveau puritanisme et théocratie. »

« Bien sûr que ce sont des mots forts mais Primordial a toujours abordé des sujets graves. Si vous recherchez des licornes et des pirates, je pense qu’il faut regarder ailleurs. Donc ouais, il y a toujours cette approche de sujets lourds. Je me suis intéressé à l’Europe du XVème et XVIème siècle, à la Réforme, au Luthéranisme, jusqu’à Isaac Newton, la séparation de la science et de la magie, et ensuite les valeurs des Lumières comme la rationalité, la séparation de l’église et de l’état, tous ces mouvements, y compris le mouvement d’empirisme avec lequel on semble faire marche arrière via notre relation cancéreuse aux réseaux sociaux, parmi tant d’autres choses, mais ce n’est que mon observation. Et il ne faut pas oublier aussi que je ne suis qu’un chanteur dans un groupe de heavy metal, pas un politicien. Une partie de ce que je raconte est dramatisé, c’est du pathos et de la poésie. C’est volontairement écrit de cette façon pour aller avec le côté dramatique du heavy metal. Ce n’est pas du punk ou je ne sais quoi… »

Retrouvez l’interview dans son intégralité sur le site de Radio Metal.

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