25 raisons de lire notre interview avec Ben Barbaud

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Ben Barbaud est ce que l’on appelle « un bon client » car notre interlocuteur est un bavard qui a la communication dans le sang. S’entretenir avec le fondateur du Hellfest Open Air est toujours un plaisir alors quand en plus l’entretien en question dure deux heures, forcément la matière devient très abondante. Du coup, après 26 pages word de retranscription (merci à Claudia pour son aide !) et plus de 19.000 mots, voici un entretien sans tabou qui évoque entre autres le succès du festival, le rapport qu’entretient Ben avec les artistes, ses choix parfois cornéliens, sa vision et réception des critiques des festivaliers ou encore son rapport aux autres festivals, notamment le Download Festival France arrivé l’an dernier qu’il tacle sévèrement.

Ainsi j’ai choisi pour vous 25 citations en provenance de cette interview histoire de vous donner envie de prendre la grosse heure qu’il faut pour la lire du début à la fin. 😉

(A propos de l’incendie du Hellfest) : « Moi j’ai connu des bureaux de 10 mètres carrés quand j’ai commencé donc on n’est pas à plaindre non plus même si c’est une donnée de plus qu’on doit intégrer à l’organisation. »

« Jamais on aurait pu imaginer qu’il y avait un tel engouement pour le festival même si ça fait un certain nombre d’années qu’on travaille sur le festival, sur la programmation artistique, qu’on essaye d’améliorer le fest et qu’on sent bien qu’il y a une sorte d’effet de mode par rapport au festival. »

« Il y avait des commentaires négatifs, comme tous les ans et c’est bien normal, donc je me disais que peut-être qu’il y avait un petit sentiment de déception cette année chez les festivaliers et que peut-être que les places partiraient vite malgré tout, mais pas aussi vite que huit jours. »

« Aujourd’hui le vrai problème du fest c’est qu’il n’y a pas de place pour tout le monde malheureusement. »

« C’est sans fin de toute façon les critiques donc moi je pars du principe qu’ouvrir la billetterie sans annoncer de groupes, les gens qui achètent leurs places à l’aveugle on peut difficilement les taxer de venir en touriste ou de choses comme ça. Parce que j’ai du mal à croire que quelqu’un accepte de mettre 200 euros dans un billet en ne faisant pas confiance à l’équipe du festival. »

« Tous les commentaires qu’on peut lire à droite à gauche sur le fait qu’au Hellfest il n’y a plus de metalleux, qu’il y a que des touristes etc. eh bien ça me fait doucement rigoler. »

« Thomas (Jansen, du Wacken Open Air) veut copier sur notre modèle où on est le seul site de festival qui a mis autant d’argent dans sa construction, dans sa réflexion. Alors que le Wacken c’est un terrain à vache qui chaque année est inondé, qui n’est pas agréable pour les festivaliers, et que l’avenir des festivals c’est de donner de plus en plus de confort. »

« J’ai souvenir que quand j’avais fait une édition 2007 sous la boue je m’en suis pris plein la gueule donc j’ai tout suite compris qu’il fallait investir dans le confort des festivaliers. »

« Le Hellfest est aujourd’hui un événement tendance de type hype mais je sais qu’il y aura une redescente comme tous les festivals… »

« Moi j’ai toujours dit qu’on a soufflé les bougies des dix ans du festival il y a deux ans, je serais très content d’aller jusqu’aux vingt ans mais après les vingt ans moi je pense que je raccrocherai. »

« Etant donné qu’il n’y a pas de redistribution on ne fait pas le même métier que va faire, alors j’aime pas qu’on pense que je crache sur mes concurrents, mais que le Download ou Live Nation dont le métier est clairement de faire du Chiffre d’Affaires, de générer des bénéfices pour que les actionnaires en profitent. Ce n’est pas la même démarche. »

« Il y en a qui connaissent trois milles groupes et d’autres que dix donc il faut savoir contenter le maximum de monde. »

« Généralement la construction du running-order, c’est-à-dire des horaires avec le classement par heures, par scènes etc., c’est la partie la plus casse-tête du festival. Parce qu’on a affaire à des groupes qui ont tous un égo. »

« Il faut savoir qu’aujourd’hui le placement des artistes sur le running-order, c’est à 90% le choix des artistes. Ca nous est soit imposé, soit menacé. Parce que tu te doutes que je ne peux pas faire jouer Limp Bizkit à 14H car tu te doutes bien que si je leur dis vous jouez à 14H ils vont me dire ‘ben va te faire foutre moi je viens pas à ton festival !' »

« Les gens seraient très très surpris parfois du comportement que peuvent avoir certains artistes, pas forcément les têtes d’affiche d’ailleurs, mais qui se croient un peu tout permis et qui ne sont pas respectueux des groupes qui jouent avant et après eux et c’est souvent difficile. »

« Je ne t’expliquerai même pas tous les problèmes qu’on a à faire le design de l’affiche ! Où c’est des emails incessants avec tous les groupes de type « mon logo est plus petit que celui-là », « je le veux un peu plus gros » « pourquoi il est plus petit qu’untel alors que je suis plus gros » qu’on s’en sort même pas. »

« Les plus gros casse-couilles, je ne donnerai pas de noms de groupes, mais c’est souvent sur la scène Altar et Temple. Ce sont les pires de tous. Les Black Metalleux, les Death Metalleux, on a l’impression que c’est les vrais metalleux warrior qui n’en ont rien à foutre, qui vont dans la boue etc. […] eh bien les gens seraient bien surpris des casse-couilles, mais vraiment des casse-couilles. »

« Iron Maiden en 2012 ça devait toucher quatre ou cinq cent milles euros en France et maintenant c’est un million, un millions deux. Tous les groupes ont explosé. »

« C’est à partir du moment où les promoteurs vont se casser la gueule, que les artistes vont baisser leur cachet. Mais pour que les promoteurs se cassent la gueule, il faut que les publics, entre guillemets, arrête d’acheter. »

« C’est sûr que quand Live Nation arrive devant System Of A Down, devant Metallica en leur disant « écoutez je vous achète vingt dates » allez je vais te dire genre à un million par date eh bien quand moi Hellfest j’arrive en solo en leur disant « bah moi aussi je vous propose pareil pour un petit million » eh bien je suis mis à l’écart. Parce que c’est vrai que c’est de plus en plus compliqué pour nous car une multinationale comme Live Nation a des moyens considérables que nous on a pas en tant qu’association indépendante. »

« Evidemment faire fuiter SOAD avant notre billetterie, c’était essayer de nous donner un petit coup de poignard dans le dos. »

« Après tu peux le balancer, j’en ai rien à foutre je te dis direct. Autant l’année dernière quand le Download est arrivé la première année ils nous ont fait tout un cinéma en nous disant que « non non ils n’étaient pas là pour nous bouffer, pour faire des coups bas etc. etc. » mais on s’est rendu compte qu’ils nous ont pris pour des cons, comme ils prennent tous les festivals pour des cons. »

« Quand j’entends les gens dire qu’il n’y a que des touristes attend, je participe au festival depuis chaque année, j’ai quand même l’impression de voir encore des mecs avec des cheveux longs, des crêtes et puis des T-Shirts de death metal hein ! »

« Quand tu vois des gamins de 16 ans, qui ont découvert il y a un an et demi Napalm Death, et qui viennent te dire que ton festival c’est disneyland et que ça vaut pas un cachou… Eh bien t’as juste envie de lui foutre une grosse tarte dans la gueule au mec ! « 

« C’est une formidable aventure humaine. C’est ça qui nous pousse à continuer, à nous motiver, à nous faire bander. »

Retrouvez l’interview de Ben Barbaud dans son intégralité sur le site de Radio Metal.

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